Andemaka est un petit village de brousse situé à 20 km de Vohipeno, relié par une piste en terre en bon état. Le bourg n’est pas électrifié et le réseau téléphonique est quasi inexistant. Au niveau climatique, cette région subit des extrêmes ; l’an passé, les cyclones successifs ont inondé et mis à néant les cultures, alors que cette année, c’est la sécheresse qui sévit.
Deux Communautés des Filles de la Charité y déploient maintes activités en faveur des plus démunis. Au Centre de Marie Immaculée, Sœur Altana, 83 ans et forte d’un dynamisme exceptionnel, m’informe du travail éducatif auprès des jeunes filles qu’elle déploie en brousse pour former cette jeunesse à la couture, aux tricots, aux travaux ménagers. Le résultat, pour la majorité des élèves, est encourageant. Ces jeunes se responsabilisent, prennent leur destin en main et n’attendent pas passivement les bras levés au ciel, me confie cette infatigable religieuse.
Soeur Bernadette
Sœur Bernadette, nouvelle responsable du Centre, m’emmène vers la demeure d’une pauvre dame. L’ossature de sa petite case lui a été offerte, mais il n’y a pas de plancher, ni de parois. Elle dort à même le sol, à la vue de tout le monde. Tout changera rapidement pour permettre à cette humble personne d’avoir un logis décent.
Les panneaux solaires de la Communauté sont défectueux. Sœur Bernadette désire les restaurer, ce qui permettrait de redonner vie à quelques appareils électriques au repos forcé. Le confort est déjà bien précaire: l’eau du puit, pas de télévision… Un devis sera établi par un spécialiste, accompagné de l’approbation de Sœur Zénaïde.
Au Foyer des enfants handicapés Sœur Odette, nouvelle responsable du Centre accueillant des jeunes handicapés âgés de cinq à quinze ans, se soucie du manque de matériel indispensable pour assurer une mobilité convenable à ces victimes d’anomalies physiques. Une liste de matériel a été établie (cf pièces jointes). Du matériel d’occasion ferait beaucoup d’heureux.
Contrairement à d’autres handicapés abandonnés à leur sort, ces jeunes accueillis à Andemaka profitent non seulement de soins médicaux réparateurs, mais ont également l’opportunité de fréquenter l’école du Centre et profiter de l’accueil « familial » gratifié par les religieuses et le personnel soignant.
Les deux Communautés ont beaucoup de reconnaissance envers RES pour le lait que ce dernier a offert à ses propres frais. Il est parcimonieusement distribué aux plus nécessiteux. MERCI.
Le jour de ma visite, un jeune homme est tombé d’un arbre alors qu’il ramassait des litchis. Un bras a été méchamment cassé, les os sortaient de la chair. Il a été transporté à l’hôpital, situé à 25 km de l’accident, sur une brouette locale. Son calvaire a duré plus de 7 heures, sans anesthésie, avant de passer les portes de l’hôpital. Mesure-t-on les privilèges que nous avons dans nos contrées lorsque nous sommes victimes d’un accident ou d’une maladie ?
D’autres nouvelles envoyées par François
A Tanjomoha, le nombre de bénéficiaires pris en charge par le Centre ne cesse d’augmenter. D’une part, la réputation de l’institution ainsi que les soins prodigués sont exemplaires et d’autre part une nouvelle unité de prise en charge de patients atteints de problèmes mentaux a été ouverte. La consommation de riz fournie par le Centre, me dit Père Emeric, est de l’ordre de 10 tonnes par mois. L’entretien et l’amélioration de toute l’infrastructure de ce grand établissement sont régulièrement réalisés ; le chemin d’accès à la propriété a été pavé avec un système d’évacuation des eaux de ruissèlement très efficace, un passage couvert reliant 2 bâtiments ainsi qu’un bûcher sont actuellement en voie de construction.
Le bois de feu est de plus en plus rare est cher ; bien le sécher dans un couvert permet à ce dernier d’avoir un rendement calorifique fortement supérieur à un bois vert. Visionnaire et conscient de la rareté toujours plus marqué de cette source d’énergie, Père Emeric à acquis des terrains en friches bon marché pour les reboiser. Au final, l’an prochain, ce sera 180’000 arbres mis à demeure.
Ce matin, une mauvaise nouvelle est annoncée par un villageois : une partie du reboisement a été anéantie par le feu cette nuit. Pourtant, des pare-feux et l’évacuation des herbes sèches avaient été effectués, mais les vents violents ont attisé et refoulé les flammes. Il faudra se remettre à l’ouvrage et remplacer les plants calcinés. A la pépinière du Centre, on va multiplier les semis et faire face à cet incident. Père Emeric est triste, mais courageux face à ces difficultés.
Au dispensaire, Sœur M. Béatrice précise qu’une attention particulière a été accordée aux femmes enceintes et allaitantes en leur prescrivant la prise de lait entier dès les premiers mois de grossesse. La consommation de lait 1er et 2ème âge a été sensiblement inférieure grâce à l’allaitement maternel. Ce précepte est incontestablement intéressant sachant que rien ne remplace la valeur du lait maternel.
PS : une nouvelle liste de médicaments a été établie.
A la Communauté Lucien Botovasoa, Sœur Clotilde est inquiète pour le sort des pauvres dans les mois à venir. Depuis trois mois, il y a eu un seul petit orage dans la région, c’est la sécheresse. Elle a investi deux millions d’ariarys (environ 570 €, ce qui est conséquent ici sachant que les salaires moyens pour ceux qui ont du travail est inférieure à 30 €/mois) pour semer et repiquer du riz dans leurs rizières. Alors que les récoltes moyennes sur ces propriétés sont de l’ordre de 100 sacs (5’000 kg), cette année, ce sera un seul sac. Le prix du kilo de riz est déjà en hausse. Aujourd’hui, pour les plus pauvres, c’est déjà un seul repas par jour, composé le plus souvent de riz uniquement. Qu’auront-ils dans leurs assiettes ces prochains mois ?
Au dispensaire, les consultations sont toujours plus nombreuses, destinées en particulier aux orphelins, aux enfants malnutris, aux malades de tous genres. La sous alimentation chronique due à la pauvreté grandissante en est certes la cause principale. La Communauté manque également de moyens financiers, me confie Sœur Clotilde. Diverses demandes d’aides sont avancées (cf rapport de visite), prioritairement pour l’achat de matelas mousse destinés à l’internat des filles. Des devis ainsi que les approbations y relatives de Sœur Zénaïde nous serons transmis.
Aux intentions de prière, Sr Clotilde demande :
– de libérer de l’alcool son neveu, alcoolique invétéré
– que sa demande pour la construction d’un orphelinat soit acceptée (il y a toujours plus d’orphelins abandonnés à leur sort).
Une nouvelle liste de médicaments a été remplie par Sr. Charlotte et Geneviève.